Accueil • L’oulipien de l’année • C’est un soir de vent •
Interrogatoire
Georgette Meninos :
« L’heure exacte ? Je ne peux vous dire... c’était le soir... un soir de vent, de tonnerre, de pluie, ça je m’en souviens... Y avait Catherine avec moi, elle lisait Les Hauts de Hurlevent, oh en version bd, mais j’étais contente, c’est quand même une approche de la littérature, hein commissaire ?... Non, rien vu, simplement y a eu un gros coup de tonnerre, une pluie persistante qui s’est changée en pluie d’orage, avec des éclairs, fallait voir !... Des cris vous dites ? Non ! mais vous savez avec ce temps ! Y avait un tel tonnerre, on aurait dit qu’il fouettait toute la végétation ce soir-là !... Moi je suis allée bien refermer la fenêtre, derrière Catherine, je me souviens, parce que s’infiltraient des fils de pluie à cause du vent !... Vous savez commissaire, c’était vraiment pas un temps à se balader dehors, je ne peux imaginer quelqu’un qui aurait piétiné l’herbe dans cette tourmente, si forte qu’elle a fait sursauter la petite, je la revois, tenez !... Comment voulez-vous que j’aie pu entendre quoi que ce soit chez les Mathews ? Je regrette, commissaire, en ce soir d’orage, je n’ai même pas remarqué la sonnerie de notre pendule, alors un appel, ç’aurait même été un hurlement, vous pensez ! »
Georges Mathews, Maigret et Catherine