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Internez-moi
Les vers à soie me sortent par le nez
je ne mange que ces bêtes blanches et molles
pleines d’un suc qui remplace bien l’alcool
les vers à soie qui sont juteux et replets
m’inspirent des lignes tracées à grands jets
je les rebrode sur le banc sous le saule
dont l’ombre longue cache celle de ma geôle
les fils de bave coulent de tous les internés
En les enfermant on empire leurs voix
médicaments ou piqûres dans les lobes
tous traitements qu’on appellera cure
Quand l’un d’eux meurt on enterre à la fois
pêle-mêle, son dossier, sa plume, sa garde-robe,
son cd où sans fin les vers à soie murmurent.