Accueil • L’oulipien de l’année • Il se penche il voudrait attraper sa valise •
Ils étaient trois petits enfants et leur valise
Ils étaient trois petits enfants et leur valise
Qui s’en allaient glaner aux champs tels des escrocs
Tant sont allés, tant sont venus, c’est sans surprise
Que vers le soir se sont perdus : quels vieux fayots.
S’en sont allés chez le boucher : pour marchandise
Boucher, ne voudrais-tu loger des provinciaux ?
Entrez, entrez, petits enfants de bâtardise
Y’a de la place assurément tout près des rideaux.
Ils n’étaient pas sitôt entrés dans sa bicoque
Que le boucher les a tués, avec leur cotte
Et a coupé en p’tits morceaux leur chair pâlotte
Mis au saloir comme pourceaux, comme des loques.
Saint-Nicolas au bout d’sept ans, tôt le matin
Vint à passer dedans ce champ, plein de purin
Alla frapper chez le boucher, vêtu de loques
Boucher, voudrais-tu me loger, en ta bicoque ?
Entrez, entrez, Saint-Nicolas, posez valise
Y’a de la place, il n’en manque que pour les escrocs
Sitôt entré le Saint demanda des fayots.
Du p’tit salé, je veux avoir ma marchandise
Qu’il y a sept ans qu’est dans l’saloir de bâtardise
Quand le boucher entendit ça, il mit sa cotte
Hors de la porte il s’enfuya, mine pâlotte.
Boucher, boucher ne t’enfuis pas avec ces loques
Repens-toi, Dieu te pardonnera comme escrocs
Saint-Nicolas alla s’asseoir dans la bicoque
Dessus le bord de son saloir, plein de fayots.
Petits enfants qui dormez-là, en provinciaux,
Je suis Saint-Nicolas vêtu d’ors et rideaux.
Et le saint étendit quatre doigts purpurins
Les trois petits se levèrent : quel beau matin !