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Genèse d’un poème de Ian Monk
Et Dieu créa le bistrot et il vit que cela serait bon.
Et Dieu créa l’électricité pour éclairer le bistrot et il vit que cela fonctionnait bien.
Et Dieu jeta le brouillard sur Londres et les british et vit que cela était bon pour eux, et il laissa le brouillard aux british.
Et Dieu fit ramper l’esprit de l’homme vers l’esprit de la femme et il vit que cela était amusant, et il fit entrer l’homme et la femme au bistrot.
Et Dieu donna à l’homme et à la femme la vision réciproque et il vit que cela était bon.
Et Dieu créa le rafraîchissement tarifé et l’introduisit dans le bistrot et il vit que cela concordait avec les premiers éléments.
Et Dieu créa la musique des liquides et l’harmonisa avec la clarté des yeux et il vit que cela chantait sa louange.
Et Dieu vit que la rencontre de l’homme et de la femme permettait une quantité de possibilités intéressantes et il en fit un océan flottant qu’il installa devant les yeux de l’homme et de la femme pour asseoir son emprise sur leurs esprits. Et il vit que c’était décidément très bon.
Et Dieu inventa le pourboire facultatif, le service compris, le barman, la liste des consommations, et il vit que cela était bon.
Et Dieu inventa les couleurs et les dispersa dans les yeux de l’homme et de la femme et il vit que cela était bon pour l’originalité des poèmes d’amour.
Alors Dieu inventa l’écriture, l’amour, le papier, l’encre, et il vit que cela était bien bon pour l’homme et la femme car ils y trouveraient un océan de possibilités dont il n’avait désormais plus besoin.
Et Dieu inventa le libre-arbitre, il vit que cela était bon, puis il se rendormit et laissa l’homme et la femme faire ce qu’ils voulaient, parce que, après tout, il s’en fichait un peu, non mais !