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Folie amnésique à Dora
C’est surtout le soir que je m’enlivre à tire-larigot. Malheureusement, mes poèmes ne restent généralement pas plus de quelques minutes imprimés dans ma tête, quelquefois même quelques secondes. En termes de radio-activité, leurs « périodes » sont comprises entre celles du Thorium A (0,14 seconde) et du Radium C (3 minutes). Tout se défait avec rapidité, comme les zigzags de la pluie sur une vitre, et d’authentiques chefs-d’œuvre s’évanouissent comme courrier timbré. Le plus souvent, découragé, je me désintéresse de fariboles trop hurluberlues et je pense à autre chose. D’autres fois, je m’accroche, je m’efforce d’ambiancer et j’utilise les débris d’une histoire en plein charivari pour composer hâtivement un tohu-bohu, qui ne durera d’ailleurs pas le temps de dire « ouf ».
Par Noël Bernard
Logo-rallye avec les dix mots de la semaine de la langue française 2013.