Ce matin-là, elle souleva les bras nus qui l’entouraient et sortit du lit. Elle s’efforça de descendre jusqu’à la cuisine à pas de velours pour garder rien que pour elle les premiers rayons de soleil. Elle restait assise les yeux tantôt fermés, tantôt ouverts sur le jardin, se concentrant sur le tintement carillon « feng shui » et les pas de ses enfants dans l’escalier.

Comme à chaque fois, elle se mit à tout faire en même temps : prendre la bouteille de lait, récolter les bouchons de vin semés ici ou la veille, débarrasser les verres, les restes de repas mélangés aux mégots. Qui pouvait bien avoir abusé pour laisser autant de vomissures dans le jardin ?

Tout en remplissant les sacs poubelles « tri »et « non tri », elle vida l’alcool de vinaigre dans la bouilloire, elle avait envie d’un thé sans tartre.

Pendant que les petites bouches avalaient les tartines, elle décollait les étiquettes de vin de cru pour sa collection, monta se préparer un bain, se laissa couler sous les flots de l’eau et les ronflements si familiers dignes d’un mufle. Elle hésitait entre coucher sur le papier là maintenant les mots qui lui venaient ou laisser fermenter les premières images du matin.