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Écrit gravé aux six faces cubiques
« Toi tu iras dans Annan ! »
Au pas lent des chameaux, trois jours sans fin,
Soleil de plomb ou étoiles d’argent,
Te conduira sans hésiter ton guide,
Vers l’ocre ville, enfant innocent.
Tu connaîtras ton étonnant destin
Mais laisse là le destin
Pour un temps bref ! Pars visiter Annan
Souk ou musée ou lieux moins innocents !
Entends partout hurler le vent sans fin
Et rien d’autre ! Où que ton pas te guide
Sois attentif surveille ton argent !
Qu’au ciel paraisse, d’argent
Le clair croissant serein : temps du destin.
Et humblement tu recevras ton guide,
Ta pierre des mains du sage d’Annan
Ton sort s’y inscrit, jusqu’à ta fin
Désormais tu n’y peux rien, innocent !
De tout, te voilà innocent
Tu lis ta vie sur le cube d’argent
Te révolter ne serait pas très fin
C’est sans issue. Embrasse le destin
Qui te fait chef des assassins d’Annan
La soif du sang du viol et du lucre te guide,
Pour les jeunes, mauvais guide !
Mais tu t’en fous, tu te sais innocent
Selon la loi de la pierre d’Annan.
Rapines, vols, tu amasses l’argent.
Femme que t’a désignée le destin
Tu la trouves d’où caresses sans fin.
Des enfants, trois à la fin.
Aux dix ans de l’aîné, engage un guide !
« Proche est ta mort, » affirme ton destin.
Au lit de mort, convoque l’innocent ;
Et lui ayant remis assez d’argent,
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« Toi, tu iras dans Annan ! »