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Dialogue pour petits hommes verts
— Regarde Papa ! Une orange est tombée comme une comète dans le jardin ! Maintenant on dirait un nuage...
— Ne dis pas de bêtises Tino, rétorqua le père. Une orange est une
orange.
— Tu as raison, si c’était une orange elle aurait été bleue, c’est le
reflet de la mer sur le ciel. C’est peut-être une fleur, reflet d’un
nuage du ciel sur la Terre...
— Une fleur est une fleur Tino, expliqua le père, mais si tu veux, je te
la pèle et on...
— ...et on regarde les reflets à l’interieur du nuage.
[Tino mange mais le père s’impatiente.]
— Un nuage est un nuage et une orange et une orange Tino.
— Pourtant elle a un goût de fleur cette orange.
[Le père soupire.]
— Regarde Papa la limace !
— Ce n’est pas une limace mais un chien Tino, dit le père.
— Je vais te dire un secret : je crois que c’est le reflet d’une limace qui
se réfléchit dans les nuages.
[Le père hausse les épaules.]
— Tu as gagné, maintenant il pleut, commenta-t-il. Tu crois que ce sont
des comètes qui viendraient de la mer ?
— Tu n’y comprends rien, c’est juste une orange avec deux cornes.
— Mais si tu la pèles alors tu auras une tranche de pluie, c’est que la
neige se reflette sur le ciel ? questionna le père.
— Peut-être, admit Tino. Mais pour savoir ça, il faut donner l’orange au
ramoneur.
Alors il cueillit le nuage et l’offrit à l’homme.
— Il est beau mon nuage ? demanda Tino.
— Ce n’est pas un nuage petit...
— Alors c’est que tu ne vois que le pâle reflet de ton matérialisme sur
les étoiles de l’Univers.
Morale de cette histoire : La porte vers l’imagination n’est qu’un nuage
où il faut bien faire attention de ne pas se perdre entre l’enfance et le
grand âge.