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Des maulx des mots
Mais quelle est, à présent, ceste œuvre si perverse
Qui ébranle les cieulx, troublant celluy quy pense ?
Ung esclair fremissans quy la terre traverse
Et s’abat sus la ryve et les eaues en silence.
Tempeste nous possède jusques à la démence :
L’onde pleure sur moy et faict croistre le fleuve :
Tsunnamy ? Durs fléaulx ! Terreur et impuyssance !
De sy vains mots fault il que tousjours on s’abreuve ?
Préfères tu aler aulx confyns de la Persse,
Y fynir solitaire tez jours dans la souffrance
En regrettant bien tost de noz cieulx les aversses,
La vye qu’on maine ycy, noz orgyes, noz bombances
Quy nous voyoient joyeus byen nous amplir la pansse
Quand le vyn de Bacus devenoit viste ung fleuve
Sur la ryve duquel il n’est poinct d’abstinence.
De sy vains mots fault il que toujours on s’abreuve ?
Terre, ne tourne plus ! La vye est sy dyversse,
Que du rhythme d’ycy j’ay perdue la cadence
Et aussy la rayson : pour moy, tout se renversse,
Adoncques je n’en puys plus, je n’ay pas eue de chance ;
Yci ne puys souffrir les regars qu’on me lance.
Moy, je vays delaysser des ores mais une veufve
Et sy perdre m’amye pour quy fys moult romances ?
De sy vains mots fault il que tousjours on s’abreuve ?
Prince, si tu entens ycy celluy quy pense
Enfin de sez ennuys espuyser le grant fleuve,
Toy quy sy fus bernez par sa faincte éloquence :
Il t’a de povres vers soubmys la forme neuve
Tiens donc bien dans l’esprit ce refraing, et y pense :
De sy vains mots fault il que tousjours on s’abreuve ?
À la façon de François Villon. Schéma des rimes de la Ballade des dames du temps jadis.