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Champignac demain
Mes discours, ces enfants que je n’ai pas encore corrigés, gardez-vous, chers électeurs, de prendre pour hameçon comptant qu’ils seraient le socle de fleuves éteints. Bien au contraire (et qu’ici tout mutisme soit amplifié) ils sont les rameaux d’une forge aux envols non moins soyeux que champignaciens. Ils regonflent la charrue riante de mes tribunes, par l’embrasement d’une pelletée de slogans au portemanteau de campagnes verdoyantes et électorales - cela afin de n’éluder aucun cas grammatical ni de force majeure. Mais plane autour d’eux la racine d’une lourde baudruche, ils sont englués dans un tel grain de sable, que moi-même à vrai dire, malgré la logorrhée du silence de l’amer, n’ai pas encore réussi à en extraire la pointe du puzzle, à en distiller le sémaphore souterrain. Le fil du monde me paraît plein à ras bords de plagiaires au front chétif, tels des chiens dans la soupe, lesquels font de ma verve joyeuse une longue expectation entre Charybde et l’enclume. Ainsi déclamé-je des fragments menus (du jour) qui, dans le rétroviseur de mes discours futurs, me semblent bien partis pour rester !
Gustave Labarbe, maire de Champignac, Pourquoi j’improvise tous mes discours, Spirou 1951.