L’autorité est l’école de la souffrance. On compte deux sortes de souffrances arbitraires : la souffrance subie et la souffrance désirée. La première est celle qui advient sans qu’on ne l’ait souhaité et la seconde est l’œuvre de l’arbitraire seul. Son chef-d’œuvre, pourrait-on dire, car plus il est injuste, plus l’arbitraire fabrique de la souffrance. La souffrance subie est celle qui nous vient sans préavis. Contre elle, je ne connais pas d’autre remède que la résignation. Le jour où vous souffrez vraiment, intensément, rien ne vaut un camarade aux larges épaules et sûr de lui. Pour bien jouir de votre souffrance, vous vous faites prendre par derrière et vous attendez que ça passe. Plus précisément, vous espérez qu’il s’écarte pour vous céder le relais, pour jouir de lui et de sa souffrance à votre tour.

Donatien-Alphonse-François de Fournel, Besoin d’autorité.