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Ballade du dévalisé
Tandis que bien chargé en ce beau jour d’automne
Il va manifester, défendre sa retraite,
Il ne retrouve plus son joli gilet jaune.
Alors, il continue, sans que rien ne l’arrête :
C’est qu’il veut éviter de finir dans les dettes.
Il appelle sa femme et lui dit : « Va, Lise,
Trouve-le-moi ici, où avais-je la tête ? »
Il se penche, il voudrait attraper sa valise
Manœuvrer est risqué dans une telle zone…
Ah ! S’il n’avait pris qu’une simple serviette !
Tandis que le soleil sur les casques rayonne,
Les grenades soudain s’abattent en tempête :
Les risques du métier ! La vie est ainsi faite !
Les gendarmes les toisent et « Petits bâtards ! » disent.
À ces mots, il veut prendre la poudre d’escampette :
Il se penche, il voudrait attraper sa valise.
Le parcours se poursuit sans être monotone :
Les gendarmes ont toujours le doigt sur la gâchette ;
Respecteront-ils bien les droits de la personne ?
On peut bien en douter : où est leur étiquette ?
Le fusil LBD, est-il une arme honnête ?
Ce n’est pas le moment de faire une bêtise,
Mais plutôt de gagner sa pauvre maisonnette.
Il se penche, il voudrait attraper sa valise.
Prince, écoute-moi dans ta belle retraite,
Ne nous dépouille point, cela nous scandalise !
Le pauvre salarié n’a rien de malhonnête :
Il se penche, il voudrait attraper sa valise.