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Après la bistraille
Je regarde le bistrot que mon père aimait entre tous
comme un pauvre londonien sur qui tombait la nuit
le soir plus qu’à moitié nous fissure l’esprit et on rampe
là l’un vers l’autre brisés sur le bord de la route
pendant que le jour se casse nos lèvres sèches lampent
une gourde de rhum qu’il étreignait encore
tout à coup Caramba ! là devant nous
un Espagnol saisit son chapeau sans laisser de pourboire
et le barman râlant livide nous fixe alors tiens,
donne-nous tout de même à boire dit mon père
ce sera pour l’instant juste boire dans l’ombre
le bleu de nos yeux vise au front nos visages
au sourire si doux comme mer où on nage
Hugo Monk, La légende des bourges