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Sélénétoum & sélénantoum

I — Le sélénétoum combine deux formes a priori incompatibles, sélénet et pantoum. Disposition des vers en 2 strophes où A & C riment entre elles, ainsi que B & D...

A
B
C
D

B’
A’
D’
C’

... cependant que les vers A & A’ sont homophones, mais la rime A féminine et la rime A’ masculine.
Rapport identique entre B’ & B / C & C’ / D’ & D.

Chez râlante eau noire,
Ce bonbon d’anis
Rêve, ô lune ivoire,
À l’âge du lys.

Se bombe onde à Nice,
Chère à l’entonnoir :
Halage d’Ulysse
Révolu n’y voir.

(Gilles Esposito-Farèse)

— 

Ô ruelle ô rixe
Çà l’on vit d’angor
Ma larme elfe et nixe
Puisée en son or

Salon vide encore
Haut ruait l’oryx
Puis céans s’honore
Mallarmé phénix

(Robert Rapilly)


II — Le sélénantoum est une forme simplifiée qui se résume à :

1) recopier telle quelle une strophe de sélénet classique ;

2) au fil de quatrains inventer un poème en ordre de pantoum (canevas ci-dessous, où la disposition des rimes féminines et masculines s’inverse de strophe en strophe) ;

3) reprendre en dernière strophe les vers 1 & 3 du début, cette fois en positions 2 & 4 (en s’autorisant de légères modifications aux vers antérieurs).

Pour exemple, canevas à partir de Ma chambre de Marceline Desbordes-Valmore (les rimes des vers A & A’ seront féminines, B & B’ masculines) :

Ma demeure est haute
Donnant sur les cieux
La lune en est l’hôte
Pâle et sérieux

Donnant sur les cieux
A — — — — — — —
Pâle et sérieux
A’ — — — — — — —

A — — — — — — —
B — — — — — — —
A’ — — — — — — —
B’ — — — — — — —

B — — — — — — —
Ma demeure est haute
B’ — — — — — — —
La lune en est l’hôte

Et un exemple associant Desbordes-Valmore à Mallarmé :

Ma demeure est haute
Donnant sur les cieux
La lune en est l’hôte
Pâle et sérieux

Donnant sur les cieux
Dans le cadre fixe
Pâle et sérieux
Le feu rue — ô nixe

Dans le cadre fixe
Peut-être décor
Le feu rue — ô nixe
Du miroir encor

Peut-être décor
Ma demeure haute
Du miroir encor
La lune en est l’hôte

(Robert Rapilly)