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Automnet

L’automnet, mot valise associant automne et sonnet, reprend le rythme bancal de la Chanson d’automne de Paul Verlaine. Chaque strophe se conclut en 3 syllabes au lieu de 4 aux vers précédents :
4+4+4+3
4+4+4+3
4+4+3
4+4+3

Gilles Esposito-Farèse est l’inventeur de cette forme. Il a notamment composé ceci...

Rêveur discret,
Aux théorèmes
Il préférait
Les poèmes.

Quel intérêt
Ont ces problèmes
Loin du secret
Des phonèmes ?

Quand je retiens
Des physiciens
Leurs désastres,

Tout opéra
S’élèvera
Vers les astres.

... ou encore cela sur des rimes rares :

Piteux leader —

Le tsarévitch
Fait du kérygme
Le central pitch
De l’Énigme

Il croit son speech
Un paradigme
Mais c’est un kitsch
Borborygme

Il chante en tweed
Avalant lied
Et couleuvres

Après du funk
Tente du punk
Piètres œuvres

Deux autres exemples. Le premier, de Louis Couturier d’après l’Albatros de Baudelaire, n’est pas tout à fait un sonnet, puisque composé de 4 quatrains...

Souvent, nous prîmes
Un albatros
Sur les abîmes
D’un cosmos.

Au sol, son galbe
Est hasardeux ;
Des fardeaux, l’albe
En a deux.

Roi, ridicule
Et claudiquant !
On gesticule,
Le moquant.

Voici, Poète,
En résumant,
De tout esthète
Le tourment.

... Le second, de Robert Rapilly, est un automnet contraint strictement par l’injonction de Boileau (in L’Art poétique) de ne répéter aucun mot dans un poème. Le premier principe de Roubaud y est aussi tenu, de parler des contraintes en question :

Boileautomnet —

La cantilène
"boileautomnet"
porte signet
de Verlaine.

Vers précédents
tétrasyllabes,
puis voix finales
sur trois temps,

on n’y répète
avant perpète
aucun mot.

Ainsi s’étoffe
— rire ou sanglot —
chaque strophe.