Accueil L’oulipien de l’année Diomira, une ville invisible
Ventriloque

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En quittant ce lieu et en allant quatre jours en direction de
l’est, le héros atteint Dionira, une cité riche de cinquante
cathédrales d’argent, de statues en airain de tous les dieux, de
rues dallées d’étain, d’un théâtre en cristal, d’un coq en or qui
chante chaque aurore sur une tour. Toute cette grâce, le touriste
la connaît déjà car il l’a rencontrée aussi dans d’autres cités.
Or la singularité de celle-ci est que si l’on y accède en août
au coucher du soleil, quand les jours raccourcissent et que les
torches de toutes les couleurs s’éclairent de concert aux entrées
des restaurants, et que d’une terrasse une dulcinée crie : hou !,
on est tenté de jalouser ceux qui à cet instant se disent qu’ils
ont déjà goûté une heure identique et qu’ils ont alors été
heureux.

Italo Luthero - Les cités secrètes (Seuil), traduction de
l’italien de Jean Thardieu

Version ventriloque évitant les consonnes labiales [bmp] et
labiodentales [fv], et même la semi-consonne [w] qui me semble
difficile à prononcer sans bouger les lèvres, cf. « soir ».