Accueil L’oulipienne de l’année Crochet à goutte d’eau
L’égout d’O déborde

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Roche granitoïde compacte. Polie. Grandiose.
Rugosité parfois introuvable pour écorcher son portrait.
Dépourvu d’ouverture où l’œil pourrait trouver son ego.
Dépourvu d’ajours pour l’accrocher.
Notre roche bombe son torse.
On surnomme notre voie « Bouclier », nos voisins anglo-saxons l’appelleront probablement : « Board of protection »

Lorsque sont inconcevables toutes poses d’outillage pour protection, nos possibilités d’ascension s’estompent.
Pourtant l’incontournable moyen, absolu, résout notre problème.
Nous l’appellerons : réservoir pour situations complexes.

Prenons notre crochet modèle « Gouttedo »
Crochet forgé, pointu, contondant.
Sorte d’hameçon pour protubérance rocheuse.
Posons l’accessoire contre notre paroi ostensiblement cornu.
Conception oblige, notre ergot repose dorénavant sous dimension micrométrique.
Voilà, crochet posé ! (Dicton : crochet posé, bon montons sinon collés nous resteront !).
Bout noué sous crochet, nous suspendons notre corde trois échelons.
Nous respirons.
Nous posons notre peton. Numéro d’échelon : one (Comme diront toujours nos voisins anglo-saxons).
Nous chargeons posément notre corps, l’étroit support soutient désormais tout notre poids.
Attention piano ! Tout mouvement violent pourrait déloger notre maigrichon crochet modérément enfoncé.
Progressivement, notre poids monte longeant son aplomb.
Nota : L’ajout pondéral enfonçant inexorablement notre crochet, consolide ipso facto son encoche.

Pianissimo encore, nous nous élevons.
Évitons d’observer notre crochet où nous nous reposons complètement.
L’atmosphère ondule.