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Fugue des rues

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Prenez une rue au hasard : la plus belle à Paris est celle qu’on fredonne.

Toutes les rues riment ainsi, on en fait des refrains qu’on chante dans les rues.

Prenez toutes les rues. Une rue rime. Ainsi on fait au hasard des refrains. La belle qu’on chante à Paris est celle qui fredonne dans les rues.

Prenez une rue, prenez toutes les rues. Au hasard rime la plus belle. Ainsi, une rue à Paris fait fredonner des refrains au hasard. On chante la plus belle dans les rues : Paris fredonne.

Toutes les rues se prennent à rimer. Prenez, prenez une rue. Le hasard ainsi fait une rue plus belle. Toutes les rues disent merci au hasard, merci Paris pour la belle rue qui fredonne, pour toutes les rues qui riment au hasard. Ah, Paris qui chante ainsi des refrains que la belle fredonne. Paris, ville qui fait qu’on chante des refrains, qu’on fredonne dans les rues, qu’on chante, disparu dans les rues.

Toutes les rues disent merci, merci d’avoir chanté.

Prenez une rue au hasard. Prenez une rue, prenez la plus belle à Paris, au hasard. Une rue au hasard. La plus belle, la plus belle à Paris, est celle qu’on fredonne, qu’on fredonne à Paris. Celle qu’on fredonne.

La ville ? — Disparue.


Forme voisine de la fugue musicale. Lire l’article de Noël Bernard sur son site Talipo.

Un sujet :
Prenez une rue au hasard : la plus belle à Paris est celle qu’on fredonne.
et un contre-sujet :
Toutes les rues riment ainsi, on en fait des refrains qu’on chante dans les rues.

Dans le développement qui suit, un second contre-sujet apparaît :
Toutes les rues disent merci merci d’avoir chanté la ville disparue.

Le poème s’achève par une strette où les trois voix entrelacent le sujet, puis en l’absence de cadence, d’un court élément du second contre-sujet.