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En Annanie : L’Acropole de destinée

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L’aventure en chameaux vers Annan, épuisante expérience,
nous amena en ces lieux des brises éternelles. Là, toujours
mouvant, Éole emporte l’air libre du désert venant de regs
lointains : effluve chargée, selon saisons, en eaux marines ;
pénétrante poussière des roches sableuses fermement
compactes.

Sales, imprégnés, teint rouille, nous arrivâmes rompus
devant AnnanCity, cernée partout autour de grandes lignées
de murs imposantes, faisant larges écrans par Tramontane.
Les vents qui ruent, avec quelque bruit lancinant, dans
notre oreille, m’ont estourbi. Il s’avérait précieux, alors,
de crier à grands bruits.

Dans le mémoire « Rose de Silices », nous avions appris que,
dépourvus d’incessant air en mouvements perpétuels, les
majestueux forts annanites tomberont.

En l’Acropole d’Annanie, lors d’une pluie primitive, chaque
enfant –de parfaites traditions– tire son galet argenté, en
dévoilant, absolument inexorable, une vie : rude ou
apaisante route du destin ; tumultueux, calme, effrayant,
banal avenir, qui emprisonne, adultes, les citoyens à vie,
en une si terrible avenue de pénible certitude. Tous les
mots décryptés compteront : détails gravés sur la vie des
familles ; ce compagnon, compagne, veillant fidèlement
enfants, chien, ami. D’ordinaire, aucun ne songe à
contourner l’indicible prédiction d’Ô-Annan, sorcier des
cailloux.

Mes amis s’étonnent lorsque, calmement, les malheureux
enfants, rassemblés en l’Agora, font confession ensemble.
Interrogé, l’Imam exprimera doucement :
— « Ces mots inscrits recèlent, pour l’avenir, maintes morts
infernales. Cependant, un sort peut parfois porter l’âpre
destin détestable ; chaque enfant, pourtant, continuera,
innocent de sa propre dure destinée. »

(Expérience mémorielle - © zazipo lilloise - Cite récitée - Octobre 2006)