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Brochette à la Goutte d’Or

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Chafik n’est pas d’attaque. Il se trisse. Acerbe.
Parfois, pas de demi-mesure : il faut se barrer.
Pas le moindre grigou pour le coincer sur le seuil.
Pas la moindre sonnette pour l’exaspérer. Il bombe le torse.
Et voilà que le harcèle Hamid, le boutiquier.
 
Lorsque ton autorité fait défaut, que tout implose à cause du matériel en stockage et que la gestion devient impossible,
Il reste un moyen. Ultime. Unique.
La réserve des grands cas.
 
Vous prenez une brochette à la Goutte d’Or.
Et un simple pichet de Merseguera, goûtu et charpenté.
Il aime cette boisson-là, Chafik.
Vous vous tapez la cloche avec de l’ail.
Un petit peu de vinaigrette.
Voilà, vous vous posez.
Arrivé à la partie inférieure du pichet, vous vous sustentez avec une petite corne de gazelle à la pistache.
Vous respirez.
Vous posez les pieds sur la table, c’est bien meilleur.
Et vous laisser lentement aller tout le poids du corps comme un prince de Barbès.
Très lentement. Tout geste brusque pour vous arroger le reste du pichet serait moche.
Progressivement, on entrevoit la glace dans le fond du pichet.
Au fur et à mesure, vous vous reprochez cette pointe de bamboche et vous vous sentez culpabiliser.
Encore plus lentement, vous vous levez.
Évitez de discuter le prix du godet grâce à quoi vous vous êtes relaxé entièrement.
Ça, c’est vivre.

Homophonie approximative.