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Besoin de vers

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La soie est l’école du soin.
On compte deux sortes de soins : le soin interessé et le soin-pour-soi.
Le premier est celui que pratiquent les éleveurs et le second est
l’œuvre du ver tout seul. Son chef-d’œuvre, pourrait-on dire, car plus
est aux petits soins-pour-soi, plus le ver fabrique de fil de soie.

Le soin interessé s’exerce à l’intérieur de la magnanerie. À l’encontre
des vers il n’est que bienfaits, la chaleur et la nourriture. Pendant
une trentaine de jours l’éleveur les dispense minutieusement aux
nombreux petits vers. Ils grossissent sur les claies sans savoir ce qui
les attend. Plus précisément ils grossissent jusqu’à s’enfermer dans le
cocon et aller au bouillon sans détour.

Alain FOURNAU, Besoin de vers, Seuil, 2007.