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Besoin de monument

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La peur est l’école du père.
On compte deux sortes de pères : le Père-Lachaise et le père éternel. Le premier est préparé pour tout le monde et le second est l’œuvre du peureux tout seul. Son chef-d’œuvre, pourrait-on dire, car plus il est effrayé, plus le peureux enfle le père éternel.

Le Père-Lachaise est celui qui nous attend en face. Contre lui, je ne connais pas de remède, ni le soleil, ni les chansons. Le jour où vous prenez un grand coup de la camarde dans la pipe, vous la cassez. Rien ne vaut pourtant un grand champ de tournesols. Vous vous faites petit au milieu et vous attendez que ça passe. Plus précisément, vous attendez qu’ils fanent pour répandre leurs graines et aller en terre à votre tour.

Prosper FOURNAU, Besoin de monument, Seuil, 2003