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Amis, cessez vos jeux

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Amis, cessez vos jeux auxquels manque notre capitaine,
lui qui chérissait tant ce rivage qu’ourle ce cordon de dunes.

Ce bord de mer est tel qu’il l’a connu, rivage
dont les ressacs incessants assurent la permanence.

Aujourd’hui comme hier d’espiègles écureuils, venus du bois voisin,
visitent et pimentent le ouaté de l’écume
comme des touches de safran sur le bord d’une assiette.

Je vous vois me répondre par vos sourires
tandis que s’esquive toute tristesse au fil de l’eau.

Et pourtant je suis triste, submergé par le souvenir – et là je ne peux
m’empêcher de l’imaginer parmi nous, nous réconfortant.

D’autres nous manquent : une mère, une épouse ;
l’une et l’autre auraient aimé ce paysage de sable.

Je me souviens de l’une et l’autre, me séchant après le bain ;
jamais caresse de serviette ne fut plus douce, ne fut plus amoureuse.

Elles ne sont plus là tandis que, frissonnant, j’enfile ma chemisette
pour échapper à cette absurde chair de poule qui me parcourt le corps.

Textée à partir de la mu’allaqâ d’Imru’ al-Qays.